LE GEMMAIL:
Ce néologisme est composé de la contraction de deux mots : “gemme” : pierre précieuse (le verre de couleur en l’occurrence) et “émail”qui fixe les fragments de verre.
Par rapport aux autres moyens d’expression artistiques, le gemmail trouve tout sa place entre le vitrail et la peinture.
En effet il utilise le verre de couleur et la lumière de la même manière que le vitrail afin d’obtenir la transparence. La superposition de fragments de verre et l’abandon du sertissage de plomb représentent quelques-uns des éléments essentiels qui constituent son originalité.
La richesse des couleurs, les subtilités et les matières obtenues permettent ainsi cette rencontre avec la peinture.
HISTORIQUE:
L’origine du gemmail remonte aux années trente, nous la devons au peintre Jean Crotti qui eut alors l’idée de superposer des cristaux de verre. Il obtint ainsi un genre de vitrail sans plomb très rudimentaire avec une technique de fixation empirique qui, après bien des déboires, le contraignirent d’abandonner ses travaux restés à l’état expérimental.
L’ancêtre du Gemmail est né de la rencontre de deux hommes. Emmanuel Malherbe Navarre (Physicien) que l’on surnommait le “fou de la lumière” et Jean Crotti (Peintre du siècle dernier) que l’on surnommait “le fou de la couleur”. Le premier Gemmail de Jean Crotti, réalisé en 1936, faisait penser à la technique du pointillisme dans la peinture. La forme des morceaux de verre à cette époque était due au hasard.
Roger Malherbe Navarre, passionné par ce nouveau moyen d’expression travaille sans cesse à l’enrichissement technique et artistique du Gemmail. Il part à New York pour restaurer un ouvrage abandonné par Jean Crotti, et réalise alors un chef d’oeuvre semi-abstrait, dont l’indicible beauté allait changer complètement le cours de sa vie. Toute l’Amérique se déplace, le président PINAY vient les voir en compagnie de Nelson Rockfeller, et de Madame Roosevel
Les Gemmistes deviennent alors la coqueluche de New York. Picasso, Cocteau, Rouault, Braque et bien d’autres s’enchantent de cette chair de lumière réalisée avec toutes ces superpositions de verre. En 1955 Roger Malherbe Navarre fonde l’atelier Malherbe. Grisé par les possibilités incroyables de ce nouveau moyen d’expression, il se lance dans l’univers artistique qui s’offre à lui, en compagnie de ses jeunes Gemmistes.
Parmi les grands Maîtres contemporains de la peinture qui s’intéressent au Gemmail, Cocteause passionne et décide de soutenir Roger Malherbe Navarre. En 1957 ils créent ensemble le Prix international du Gemmail qui depuis lors récompense chaque année un artiste promu “Peintre de la lumière”.
La mort de Jean Cocteau, le décès en des circonstances tragiques du frère de Roger (Christian Malherbe), et de jeunes Gemmistes de l’atelier ébranlent le moral de l’équipe, mais le voeu exprimé par l’un des jeunes disparus, exalta la mystique de l’atelier et la création d’un Musée du Gemmail à Lourdes.
Dès cette époque les Gemmistes réalisent des prouesses en interprétant les grands classiques. C’est ce que Roger appelle “l’école du Louvre des gemmistes”.
Les grands maîtres de la peinture devinrent et restent les supporters prestigieux du nouveau moyen d’expression. Des gemmaux sont réalisées à partir de leurs oeuvres. Ce sont des pièces uniques recevant leur signature une fois achevées.
Leurs citations resteront célèbres :
Picasso écrira cette phrase : “Un art nouveau est né, les Gemmaux”.
Et Braque : « Si j’avais trente ans je serais le gemmiste Braque ».
Rouault appelait le Gemmail « son art bien aimé ».
Quant à Jean Cocteau, le Gemmail a été pour lui «un nouveau visage de la beauté».
Roger Malherbe Navarre, Maître d’oeuvre de ce nouveau moyen d’expression a aujourd’hui 92 ans, ses mains ont découpé des centaines et des milliers de morceaux de verre. C’est de ses mains qu’est né le Gemmail moderne, dont la réalisation se perpétue grâce à ses successeurs Jean-Paul et Germaine Sala Malherbe.
Fils adoptif de Roger Malherbe Navarre, Jean Paul a grandi auprès des physiciens et des Gemmistes dans l’atelier du Gemmail.
Ses études terminées, il revint au Gemmail et consacra toutes les ressources de sa fertile et jeune imagination à ce nouveau moyen d’expression.
Sa jeune épouse, Germaine développa son talent et sa créativité à ses côtés sur les établis de lumière. Ses qualités n’avaient d’égal que son dévouement.
Ils ont gagné l’intérêt des artistes par leur ardeur et leur simplicité et ont été les chefs de file de cette nouvelle génération de maîtres verriers que sont les Gemmistes ».
Bibliographie: « LE GEMMAIL » Art de lumière, expression du 20e siècle. L’atelier Roger Malherbe Navarre – Paris.


QUELQUE GRANDS EVENEMENTS DE L’HISTOIRE DU GEMMAIL
1954 | Création de l’atelier Malherbe. |
1956 | Exposition à Monaco sous la présidence de S.A.S. le Prince Rainier. |
1957 | Création du prix international du Gemmail sous la présidence de Jean Cocteau. |
1959 à 1963 | L’Amérique accueille le Gemmail, New York, Denver, Chicago, Pittsburgh, Philadelphie, Boston, Cleveland, Minneapolis, Cincinnati, Atlanta…. |
1961 | Musée Galliéra, Paris. |
1963 à 1964 | Création du musée du Gemmail à Tours. |
1969 | Création à Lourdes du musée du Gemmail d’Art Sacré. |
1991 | L’Art du Gemmail est invité d’honneur au salon d’automne du Grand Palais, Paris. |
1998 | Le Gemmail est invité au Japon dans quatre grands musées, Tokyo, Nara, Mito, Nagoya et reçoit la visite privée de l’Impératrice du Japon le 26 mars. |
2000 | L’Art du Gemmail est présenté par le club Inner Wheel au Beffroi d’Arras. |
2002 | Le Musée du Palais de l’Europe à Menton présente la rétrospective des Grands Maîtres et des Peintres de la Lumière. |
Textes de J-P SALA-MALHERBE


